Une publication concernant les foins contaminés par des plantes atypiques a beaucoup circulé ces derniers jours et a provoqué des confusions. Il nous semblait important de faire le point pour éviter tout malentendu.

🌞 CONDITIONS MÉTÉO ET PLANTES TOXIQUES DANS LES FOINS 🌾

Les conditions météo de cette année très sèches ont influencé la production de foin. Ces conséquences sont variables d’une région à l’autre, mais globalement la pousse des plantes fourragères a démarré tard et s’est arrêtée tôt cette année. Ce qui a pour principales conséquences une diminution de la quantité de foin produite et également une modification des couverts floristiques.
Les conditions particulières de cette année ont pu effectivement favoriser la présence de plantes toxiques dans le foin. Cela concerne l’ensemble des foins produits, qu’il s’agisse de foins « classiques », nos prairies de fauche ayant fortement souffert de la sécheresse, ou de foins plus atypiques contenant notamment des végétaux ligneux. Il est utile de rappeler que les intoxications liées à la consommation de plantes toxiques dans le foin peuvent toucher un nombre important de chevaux rapidement et qu’il est important d’être vigilant sur la composition du foin que l’on distribue.
La valeur nutritionnelle des fourrages s’en trouve également modifiée, nous vous en parlerons dans une prochain post.

🌾 FOINS ATYPIQUES ET PLANTES TOXIQUES 🐴

La diminution de la quantité de foin a pu entrainer chez certains producteurs une utilisation de parcelles de landes ou de friches pour produire un peu plus. Ces végétations ne sont que peu utilisées pour produire du foin habituellement et elles peuvent effectivement contenir des végétaux toxiques, tout comme les prairies de fauche classiques.
Les végétaux cités dans le post de la Clinique équine de Provence sont des exemples de végétaux rarement présents dans le foin « classique » qui peuvent indiquer une utilisation de parcelles à la végétation « atypique ». Les plantes citées n’en sont pour autant pas forcément toxiques.

🌳 Le prunellier

(Prunus spinosa) est un arbuste épineux qui ne présente pas de toxicité. Attention néanmoins à ses épines qui lui valent son surnom d’épine noire. Se piquer sur ces dernières est douloureux et l’infection s’installe facilement. L’espèce n’en est pas moins extrêmement utile à de nombreux oiseaux et insectes et n’est pas gênante en prairie tant qu’elle est maintenue à un niveau de recouvrement raisonnable et que vos équidés ne jouent pas au tractopelle dans les fourrés.

🌳 Le pin

(Pinus sp) ne présente pas non plus de toxicité. Le danger avec ces espèces peut venir de la présence de chenilles processionnaires du pin, mais il s’agit la d’un problème non lié à la consommation de la plante.

🎋 Les lavandes

(Lavandula sp) ne sont pas toxiques non plus même si on évitera sur leur consommation en très grande quantité en raison de la présence de composés aromatiques dont certains peuvent être abortifs dans certaines espèces.

🎋 Le genêt à balai

(Cytisus scoparius) peut en revanche causer des intoxications sérieuses dans certains cas en raison de la présence de cytisine dans la plante et notamment dans ses graines.
🧐 FAUT-IL POUR AUTANT ARRÊTER D’UTILISER DES FOINS LIGNEUX OU AVOIR PEUR DE TOUT CE QUI N’EST PAS UN FOIN DE GRAMINÉES ? 🌾
Surtout pas. Comme pour tout aliment donné à son équidé, il faut être vigilant et se faire accompagner en cas de doute. Mais les fourrages ligneux, même s’ils semblent encore atypiques aujourd’hui, sont une des clefs de l’affouragement de nos herbivores domestiques. C’est déjà le cas et ce le sera encore plus dans un futur proche. À nous de nous former, des nous informer afin de pouvoir utiliser ces ressources à bon escient et non en mettant nos équidés en danger.
🧐 POURQUOI UNE PUBLICATION DES RÉSEAUX VÉTÉRINAIRES SUR CE GENRE FOIN, ALORS ? 🌾
L’évolution des pratiques agricoles (moins de produits phytosanitaires, etc..) et le changement climatique engendrent des modifications dans le couvert végétal. L’évolution du climat va également nous pousser à nous renouveler et à évoluer en ce qui concerne la production de fourrage. Si les foins ligneux et autres pratiques oubliées pendant un temps font partie des solutions que nous devrons utiliser à l’avenir pour permettre de nourrir nos herbivores domestiques, cette évolution s’accompagne du retour potentiel de plantes auxquelles nos équidés n’étaient plus confrontés. Et cela nécessite une certaine vigilance de notre part afin d’éviter les accidents.
En bref, pas de panique si poney grignote un bout de lavande, de pin ou de prunellier, mais une conscience que l’évolution climatique est un défi sur lequel il n’est plus temps de tergiverser, mais d’agir.